Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/82

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ſes ennemis en avoient attendu. On lui fit ſon procès ; & malgré ſon innocence, ſes juges iniques & gagnés, le jugèrent coupable de haute trahiſon, & il fut condamné à deſcendre dans le puits d’Houzail. Son bonheur, ou, pour mieux dire, le ciel permit que lorſqu’on lâcha la corde, elle s’accrocha à une branche crue entre les fentes du rocher, qui fut cauſe que la corbeille précipitée ne ſe trouva qu’à quatre pieds de terre ; il lui fut aiſé d’en ſortir, & de ſauter ſur la montagne ; & par un miracle inoui juſqu’alors, il fut le premier qui habita dans le centre de la terre. C’eſt de lui que nous tenons la connoiſſance des prodiges dont on eſt aujourd’hui ſi fort émerveillé, & dont je parlerai dans un autre lieu.

Après que Lodaï eut appris à ma mère toutes ces choſes, il la conduiſit ſur les bords d’un ruiſſeau, dont la liqueur, couleur de roſe, couloit ſur un ſable d’or pur. Le jour éclairoit perpendiculairement cette partie intérieure de la terre ; & la voûte étoit ſi élevée dans cet endroit, qu’à peine pouvoit-on la diſcerner. Une montagne de minéraux, dont la partie dominante étoit de ſouffre & de bitume, étoit voiſine de ce ruiſſeau. Lodaï avoit conſtruit dans l’intérieur une demeure aiſée & commode, & la connoiſſance qu’il avoit acquiſe