Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/81

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être que mon prince légitime, puiſqu’il eſt le compagnon infortuné de vos misères. Il me prit entre ſes bras, & convia ma mère à le ſuivre, en lui racontant par quelle aventure il ſe trouvoit comme elle habitant de ces lieux inconnus. Depuis cinq ans que l’injuſtice l’y avoit précipité, il connoiſſoit tous les détours monſtrueux de ce monde interne. Ses aventures ſeules ſeroient ſuffiſantes pour former des volumes. Il s’appeloit Lodaï ; il avoit été miniſtre d’Houcaïs ; ſa faveur & ſa probité lui avoient attiré des ennemis. Honnête homme & ſans diſſimulation, il n’avoit jamais voulu ſe faire aimer aux dépens de ſon maître ; ſa fermeté pour ſes intérêts les lui avoit attirés. Il étoit trop éclairé pour ignorer les pratiques qu’ils mettoient en uſage pour le détruire, & il vouloit que ſa droiture & la bonté du roi prévaluſſent ſur leur calomnie. Le prince leur réſiſta pendant long-tems ; mais enfin il fut ſuſceptible des ſoupçons qu’on fit naître dans ſon eſprit ſur ſa fidélité. Jamais prince n’avoit été plus jaloux de ſon autorité qu’Houcaïs. On lui fit entendre que Lodaï travailloit à uſurper le trône : on ſuppoſa une conjuration, dont on le feignit le chef. Son ſecretaire, de complot dans cette trame, donna de la vraiſemblance à cette trahiſon ; elle eut tout le ſuccès que