Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/94

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fiance. Une ſuite de ma frayeur me retenoit par la crainte d’en être dévoré : je ne puis vous rendre raiſon ſi la ſympathie eſt la cauſe du ſoin qu’il prit de me raſſurer ; mais ce qui eſt de vrai, & de plus admirable, c’eſt qu’il s’approcha de moi, remua la queue & me flatta. Je haſardai d’avancer la main pour le toucher ; il baiſſa la tête, & me donna enfin tous les ſignes de douceur dont il étoit capable. Je m’enhardis à ſortir de ma place ; il marcha devant moi, & je le ſuivis : je me trouvai ſi las après avoir fait une karie, que je me repoſai ſur les bords de la veine d’or dont j’ai parlé. Falbao en fit autant, & lapa avec ſa langue de la liqueur de cette veine, & je le vis ſe tourmenter à lécher le derrière de ſon dos, ſur lequel je remarquai une bleſſure. Ses efforts étoient vains ; ſon cou n’étoit pas aſſez ſouple pour y atteindre ; ſes geſtes & ſes yeux ſembloient implorer du ſecours. Je pris de cet or liquide dans le creux de ma main, & je lui en frottai la partie affligée ; il s’étendit, & me laiſſa faire. Il avoit encore une bleſſure au pied de derrière, & je fus ſurpris qu’à meſure que je me ſervois de ce remède, les plaies ſe guériſſoient. J’étois moi-même écorché dans un endroit ; j’y mis de ce baume divin, & je me trouvai ſur le champ ſoulagé.