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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/95

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Après être reſté encore quelque tems dans cet endroit, Falbao ſe leva, & je le ſuivis. Après avoir fait encore quelques karies, jugez de ma ſurpriſe, ô mon cher Lamékis, lorſque je me trouvai ſur le haut d’une montagne en plein ciel : ce qui me perſuada que j’étais dans les climats, dont ma mère & Lodaï m’avoient parlé tant de fois. Je ſentis une ſecrette joie ; ce ſpectacle ſuperbe de la nature m’enchanta ; j’étois immobile ; mes yeux ſe portoient ſur la vaſte immenſité de l’hémiſphère, & j’étois au comble de l’admiration de la beauté du jour qui l’éclairoit. Deux heures ſe paſsèrent ainſi, ſans pouvoir revenir de mon étonnement ; & ſans une aventure nouvelle qui me tira de ma léthargie, je n’en ſerois pas ſi-tôt revenu.

J’étais plongé dans cet extaſe, lorſque je me ſentis toucher par un homme qui étoit de la même couleur que Lodaï. Je crus d’abord que c’étoit lui, & j’étendis les bras ; ils demeurèrent ſuſpendus, ne reconnoiſſant pas ſes traits. Ah ! jeune homme, que faites-vous ici, s’écria l’inconnu ? Fuyez : où courez-vous ? À votre perte certaine. De quel monde ſortez-vous ? Pouvez-vous ignorer que vous êtes dans l’empire d’Houcaïs, & qu’il y a ordre d’arrêter & de conduire à la ville capitale tous