Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/122

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armée. J’ai, leur dit-il, dansé quatre heures de la sorte, & nous avons fait plus de vingt lieues pendant ce temps-là. J’en ai pensé crever, quoi-que j’aye de bonnes jambes. Comptez que si le monarque boiteux ne meurt pas de lassitude, il sera si malade, qu’il n’aura plus envie de nous attaquer.

L’événement singulier de cette danse, où cinquante mille bossus sautoient tous ensemble, s’étant répandu dans Amazonie, le peuple accourut en foule sur les remparts, & on s’aperçut avec plaisir que l’armée s’éloignoit de la ville. En effet, tous les Dondiniens étant boîteux du côté gauche, partoient toujours de ce pied-là, qui se trouvant plus court que l’autre, les entraînoit, malgré eux, du côté de leur pays.

Les Amazones les eurent bientôt perdus de vue, & Cabrioline, que le roi ne pouvoit quitter, menoit l’armée si grand train, qu’en moins de sept heures, ils avoient fait plus de trente lieues. Le chemin étoit semé de soldats moins robustes que leurs camarades, qui étoient tombés presque morts de lassitude. Prenany, qui avoit pris une leçon deux jours auparavant, & que la joie transportoit, en songeant qu’il délivroit sa princesse, étoit presque aussi infatiga-