Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/153

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On fit chercher Prenany par tout le royaume, mais on ne se douta point qu’il fût chez la sœur de la reine parce qu’elle avoit paru lui pardonner sincèrement. Elle étoit même venue à la cour par politique, dans le dessein, disoit-elle, d’assister aux noces de la princesse & elle parut très-fâchée du malheur qui étoit arrivé. Ainsi, dans toutes les recherches que l’on fit, on ne pensa point que Prenany fût captif dans son palais.

Cependant la jeune Fêlée, pour détourner son esprit des chagrins que lui causoit la perte de son amant, résolut d’entreprendre quelque exploit considérable. Je fuis née priricesse, dit-elle un jour à sa gouvernante ; je suis destinée à régner sur un grand empire, & je ne me suis encore signalée par aucune entreprise. Le jeune Prenany a vu les pays éloignés ; il a surmonté les dangers d’un désert effroyable & où il étoit tout seul il s’est instruit des mœurs & des coutumes des Aziniens & a dansé pendant deux jours entiers avec Cabrioline ; il a reçu des blessures de la main de nos ennemis & enfin il nous a délivrées du redoutable roi Dondin. Mais moi, qu’ai-je entrepris qui me distingue ? j’ai vécu, dès mon enfance, dans une cour voluptueuse au milieu des jeux & dans le sein de la mollesse. Que je suis peu digne de