Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/165

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mains. Solocule, dit-il, est assez heureux de n’être pas ici ; quand il ignorera comment une tempête est faite, il n’y perdra pas beaucoup ; au reste, si j’en échappe, je m’en souviendrai ’ assez bien, sans l’écrire, pour lui en faire la description

Pendant ce discours, le vaisseau se brisa sur un écueil, & tout l’équipage sut submergé. Prenany seul nagea quelque temps, & ne trouva point d’autre asile contre les flots en fureur, que le rocher même qui avoit causé son naufrage.

La crainte le fit monter jusqu’au sommet de ce roc escarpé. Quand il y fut arrivé, il trouva un homme d’une taille médiocre, & dont l’habillement & la figure le surprirent. Il avoit pour chaussure des brodequins ornés de galons & de pierres fausses, qui paroissoient beaucoup trop grands pour lui, parce qu’apparemment il étoit beaucoup diminué depuis qu’il les avoit. Il portoit un haut de chausse à l’espagnole, & avoit pardessus un habit à la françoise, d’un drap brun, avec des boutons d’or, & doublé d’un taffetas bleu ; sa tête étoit ornée d’un turban, & son visage étoit transparent, aussi bien que ses mains ; ce qui faisoit juger que l’on voyoit le jour au travers du reste de son corps, lorsqu’il n’était pas habillé.