Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Prenany lui demanda d’abord s’il entendoit son langage. J’entends & je parle toutes les langues du monde, lui répondit l’inconnu ; je m’applique même à les perfectionner, & à inventer de nouveaux mots & de nouvelles phrases, pour embellir les pensées, & les mettre dans tout leur éclat.

Lejeune Prenany lui demanda ensuite si ce rocher étoit sa demeure ordinaire. Non, reprit l’inconnu, je n’ai nulle demeure assurée ; je me transporte en un moment dans tous les lieux de l’univers, je vois non seulement tout ce qui y arrive, mais encore tout ce qui peut y arriver. Lorsque je le veux, je mets sur pied un année d’un million d’hommes, & je les fais exterminer par un seul guerrier. Je fonde un grand empire, & je le détruis selon ma fantaisie. Je forme un roi avec toutes les vertus dignes de briller sur le trône, & quelques fois je fais un tyran capable d’inspirer l’horreur. Je fais quelquefois des princesses plus belles que toutes les créatures qui aient jamais existé, & je suis si fort le maître de leur personne & même de leurs sentimens, que je les fais aimer ou haïr, selon que je le désire. Vous-même, qui me parlez, vous êtes soumis à ma puissance ; c’est moi qui vous ai inspiré tout ce que vous avez pensé depuis