Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/185

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la cherchai vainement dans les jardins ; je sortls pour voir si elle ne m’avoit pas prévenu, & je l’appelai plusieurs fois ; je rentrai pour la rechercher encore, mais toutes mes peines furent vaines.

J’étois agité pendant ce temps-là de mille transports différens : la liberté se présentoit devant moi avec tous ses charmes, & me tentoit vivement. Il ne tient qu’à moi, disois-je, de quitter mes fers, rien ne me retient plus dans ces lieux & si j’y demeure ma mort est presque certaine. Mais, quoi ! ajoutai-je, pourrois-je abandonner Zaïde ? pourrois-je me résoudre à ne la revoir jamais ? sortirai-je de ce séjour, sans savoir ce qu’elle va devenir ? Dans quelle tristesse ne sera-t-elle pas plongée quand elle verra que je l’abandonner La laisserai-je au pouvoir d’un rival, qui, sans doute, profitera du juste dépit que mon ingratitude aura fait naître ? Mais peut-être, ajoutois-je, Zaïde elle-même m’est infidèle ? Elle ne cherche qu’à se débarrasser d’un amant qui l’importune ; elle ne facilite ma fuite que pour demeurer auprès de mon rival. Toutes ces idées différentes qui se succédoient l’une à l’autre, me faisoient éprouver le plus cruel supplice.

L’aurore qui parut, me trouva dans cette agitation. Je sortis des jardins, dans le dessein