Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/19

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qu’il falloit être fou pour adorer la lune, qui n’étoit utile à rien ; que cette prétendue divinité étoit la plus capricieuse qui se pût connoître ; que dans de certains temps, elle montroit les cornes à tout le monde, & qu’alors elle avoit la bouche & les joues aussi creuses qu’une vieille de cent ans ; que lorsqu’elle montroit son visage entier, elle avoit un nez large, & de gros yeux qui faisoient peur ; ils ajoutoient, qu’en courant la nuit au milieu du ciel, elle ressembloit à un homme attaché au pilori, dont on ne voit que la tête, encore cette tête étoit-elle pelée. C’est ainsi que quand l’esprit est irrité, il trouve des défaults dans tout ce qui plaît à son ennemi.

Les Soliniens avoient fait élever un temple magnifique en l’honneur du soleil qu’ils révéroient, & ce temple avoit été plus de quatre-vingts ans à bâtir, parce que le Grand Prêtre, qui s’étoit chargé du soin de cet édifice, avoit un grand goût pour l’architecture, & avoit voulu faire durer le plaisir long-temps.

On choisissoit, pour déservir ce temple, des prêtres dont les cheveux étoient crépus & hérissés, afin qu’ils ressemblassent mieux au Dieu qu’ils servoient ; & il falloit absolument que le Grand-Prêtre fût roux par-dessus cela, ce qui n’étoit pas quelquefois facile à rencontrer.