Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/250

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continuèrent-ils, que nous avons trouvé, & que nous avons laissé bien loin derrière nous.

Le chamelier, charmé de cette nouvelle, les remercia bien humblement, & prit la route qu’ils lui montrèrent, pour chercher son chameau : il marcha environ vingt-milles, sans le pouvoir trouver ; en sorte que, revenant fort chagrin sur ses pas, il rencontra le jour suivant les trois princes assis à l’ombre d’un plane, sur le bord d’une belle fontaine, où ils prenoient le frais. Il se plaignit à eux d’avoir marché si long-temps sans trouver son chameau ; & bien que vous m’ayez donné, leur dit-il, des marques certaines que vous l’avez vu, je ne puis m’empêcher de croire que vous n’ayez voulu rire à mes dépens. Sur quoi le frère aîné prenant la parole : Vous pouvez bien juger, lui répondit-il, si, par les signes que nous vous avons donnés, nous avons eu dessein de nous moquer de vous ; & afin d’effacer de votre esprit la mauvaise opinion que vous avez, n’est-il pas vrai que votre chameau portoit d’un côté du beurre, & de l’autre du miel, & moi, ajouta le second, je vous dis qu’il y avoit sur votre chameau une dame ; & cette dame, interrompit le troisième, étoit enceinte : jugez, après cela, si nous vous avons dit la vérité ?