Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/265

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Le visir, voyant que l’empereur le pressoit de boire ce poison, se douta que la trahison étoit découverte. En cet état, tout rempli de crainte & de confusion : Seigneur, lui dit-il, je suis tombé dans le malheur que je voulois préparer aux autres. Mais comme je vous ai toujours connu d’un naturel porté à la clémence plutôt qu’à la rigueur, j’espère que, quand je vous aurai donné un avertissement pour la conservation de votre auguste personne, vous voudrez bien avoir la bonté de me pardonner. S’il vous arrive de condamner à mort le fils de quelqu’un de vos officiers, ne permettez jamais que le père reste à votre cour. Vous avez condamné le mien pour ses crimes ; cependant quoique vous ayez eu raison, & que vous m’ayez témoigné mille amitiés, en me comblant de bienfaits, je n’ai pu oublier la douleur que m’a causée la mort de mon fils. Toutes les fois que je vous voyois, votre présence excitoit ma haîne, & me portoit à la vengeance ; c’est ce qui m’a obligé de vous présenter ce poison, afin d’honorer les mânes de mon fils, & de venger sa mort par la vôtre.

Quoique l’empereur fût très-convaincu par ces paroles du funeste dessein de son visir, & qu’il avoit droit de le faire mourir de la mort la plus cruelle ; cependant il n’en usa pas avec