Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/274

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d’être dévorée par les bêtes féroces. Cela fut exécuté sur le champ.

Cependant, deux heures après, l’empereur se représentant les charmes de cette jeune esclave, son cœur fut agité de divers mouvements ; l’amour & la colère y disputoient l’un contre l’autre. Quoi, seigneur, disoit l’amour, faut-il, pour une indiscrétion, pour une bagatelle, traiter si cruellement le plus bel objet du monde ? Souvenez-vous des sentimens de tendresse que vous lui avez témoignés, & des protestations que vous lui avez faites d’une amitié éternelle. Il est de votre honneur de lui tenir parole, & de ne point passer pour un parjure, ni pour un inconstant : ce sont deux crimes qui font horreur, & qui terniroient votre gloire. Ménagez-la donc mieux, seigneur, en rappelant cette aimable personne ; envoyez-la chercher au plutôt ; & si vous êtes assez heureux pour la revoir, n’ayez plus pour elle que des yeux, un cœur, & des vœux passionnés : par-là, vous réparerez la faute que vous avez faite, & les jours que vous passerez avec cet incomparable objet, feront pour vous des jours pleins de douceurs.

La colère, plus furieuse que jamais d’un discours si tendre : Non, seigneur, disoit-elle, c’est une ingrate qui s’est rendue indigne de vos