Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/306

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muraille étoit revêtue de miroirs ; en sorte qu’il ne pouvoit s’y regarder, sans voir qu’il n’étoit pas seul. Le plancher & le plafond de ce cabinet représentoient des arbres, des fleurs, & des fruits, qui étoient autant d’objets capables de réjouir la vue du perroquet. Elle prit elle-même le soin de le servir, & de lui donner les choses les plus exquises, pour le faire vivre avec plus d’agrément. Non contente de tous les plaisirs qu’elle lui procuroit, elle y joignit encore celui de la musique. Elle faisoit venir, toutes les après-dinées, des voix plus douces que celles des syrênes, qui, mariant leur chant au son de plusieurs instrumens harmonieux, formoient un concert qui enlevoit les cœurs, & qui à peine permettoit de respirer, de crainte de troubler une si charmante mélodie. Ô trop aimable perroquet, que vous êtes heureux dans votre malheur, & que l’état où vous êtes présentement est bien différent de celui où votre esprit étoit dans le corps d’une biche ! Réjouissez-vous, votre bonheur augmentera, & les dieux, sensibles à votre mérite, vous rendront bientôt votre liberté & votre royaume. Si le souvenir des maux est agréable, quand on en est délivré, quelle joie n’aurez-vous point, quand, au milieu de votre triomphe, vous repasserez dans votre mémoire les peines & les outrages que vous avez souf-