Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/307

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ferts. Les maux ne sont plus rien, quand le plaisir leur succède, & le plaisir n’est jamais plus grand que lorsqu’il succède aux maux. Voilà ce que produisent les maux & les plaisirs.

Mais c’est assez moraliser sur ce sujet ; retournons à la reine, & disons que l’attachement qu’elle avoit pour son perroquet ne se peut exprimer. Elle n’étoit occupée que du soin de lui plaire, & de lui donner à tous momens des marques de sa tendresse. Le perroquet en étoit d’autant plus ravi, qu’il voyoit que, depuis près de deux ans qu’il étoit avec cette princesse, le faux roi n’avoit eu aucun commerce particulier avec elle. Il jugeoit de là qu’il falloit que ce perfide n’en fût pas bien reçu, & qu’elle conservoit toujours dans son cœur le feu sacré qu’elle avoit promis à son mari. Comme il raisonnoit un matin avec elle, & qu’il lui disoit des choses toutes pleines d’esprit : En vérité, perroquet mignon, lui dit-elle, vous parlez tous les jours avec tant de jugement & de prudence, que je ne puis m’imaginer que vous soyez un animal irraisonnable ; je croirois plutôt que vous avez l’esprit de quelque grand personnage, & que, par l’art nigromantique, on vous a métamorphosé en perroquet. C’est pourquoi je vous prie ins-