Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/334

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approcher, il voulut savoir ce que c’étoit ; mais il ne fut pas dans un petit embarras de chercher par quel sens il en prendroit connoissance. Il y porta d’abord sa patte, se brûla, & la retira en la secouant, & criant bien fort ; il revint, & se mettant plus près de la chandelle, il prêta l’oreille pour écouter le bruit qu’elle faisoit ; & quand elle pétilloit, il tressailloit comme s’il avoit eu peur. Mais rien ne fut plus plaisant que lorsqu’il vit que ses yeux, sa patte & son oreille ne pouvant le satisfaire, & lui faire connoître si ce qu’il voyoit étoit bon à manger, il se hasarda à avancer la langue pour le goûter. Dix fois il se brûla le bout de la langue & du museau, & autant de fois, sans se rebuter il revint à la charge, en criant, & se mettant plus en colère de ne rien trouver à manger dans cette chandelle, que de se brûler à sa lumière.

Mais parmi toutes ses inclinations, celle de contrefaire est sa première propriété. On n’est singe que par-là. Un matelot ouvroit souvent son coffre, & y prenoit de l’argent dans un sac, le comptoit, le faisoit sonner, & l’examinoit à la vue d’un singe qui étoit à l’attache près de-là. Un jour, par malheur, le coffre ayant été laissé ouvert, il prit au singe une violente envie de