Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/407

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plaisir des marques de son estime. Almadore, convaincu qu’il n’avoit aucun sujet de se plaindre d’elle, voulut entrer dans les sentimens que ses fausses lettres avoit remis dans son cœur, & Léonice l’arrêta, en le priant de vouloir bien s’en tenir aux termes dont ils étoient convenus, puiqu’elle étoit prête à se marier, & que tout ce qu’il pourroit dire de sa passion seroit inutile. Il se voyoit dans une fâcheuse situation. Les charmantes espérances qu’il avoit reprises étoient perdues pour toujours. Il n’avoit rien à attendre de la jeune veuve, à qui il avoit fait un outrage qui ne pouvoit être réparé, & il avoit lui-même beaucoup de peine à lui pardonner l’état malheureux où elle l’avoit réduit, en rallumant une flamme qu’il étoit contraint d’éteindre encore une fois. Dans ces agitations, il ne trouva pas de plus sûr moyen d’oublier tous ses chagrins, que de se donner entièrement à la gloire. Comme le roi de la Chine étoit en guerre avec les tartares, & que l’armée de ce prince étoit sur le point de leur donner bataille, Almadore voulut être de la partie. Il s’y rendit, & durant le combat, il fit de si belles actions, qu’elles lui ont attiré l’estime des généraux, & même de toutes les troupes. Le roi, sachant cela, lui a donné un emploi