Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/44

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il étoit blond, délicat, fier de son rang, & opiniâtre comme le sont bien des gens qui n’ont pas le sens commun.

Quand il eut atteint l’âge de quinze ans, le poil follet qui lui vint sur les joues, commença à donner quelques soupçons de la tromperie que sa mère avoit faite. La reine en parla à sa sœur ; mais cette princesse nia la conséquence avec hauteur, & dit qu’il y avoit bien des femmes qui avoient presque autant de barbe que les hommes ; & que si elles se la faisoient raser au lieu de se l’arracher, elle deviendroit pour le moins aussi rude.

Acariasta, pour calmer l’esprit de la reine, fit publier qu’elle donneroit des appointemens considérables à toutes les femmes barbues qui voudroient venir à la cour. Il en arriva un si grand nombre, que la reine & la princesse sa sœur eurent lieu d’être rassurées. On en retint quelques-unes des plus jeunes & des mieux fournies en barbe, dans l’espérance qu’elle profiteroit encore, & on renvoya les autres avec des récompenses proportionnées à leur mérite.

Cependant le temps donnoit toujours de nouveaux soupçons ; le menton de la prétendue princesse se garnissoit de plus en plus, & le grand barbier de l’empire soutenoit, au pé-