Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/495

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engagement qui lui faisoit honte, elle ne pouvoit se résoudre qu’avec peine à lui déclarer qui elle étoit ; qu’elle se croyoit néanmoins assez bien faite, pour ne pas craindre de blesser ses yeux ; mais que ne cherchant que l’union de l’esprit, des raisons particulières & importantes pour elle, l’obligeoient à se cacher encore quelques temps. Pendant qu’elle s’obstinoit à laisser Raphane dans l’inquiétude, le jour de la naissance de celui-ci étant arrivé ; il reçut de la dame un bouquet, dont la richesse égaloit la galanterie & le bon goût. Toutes les choses qu’elle avoit faites pour lui, lui donnant lieu de penser qu’elles venoient d’une femme d’un rang distingué, & qui étoit en état de faire de la dépense, il forma différentes conjectures, & ne sachant à laquelle s’arrêter, il consulta un de ses amis sur l’embarras où il se trouvoit. Il expliqua son aventure dans toutes les circonstances, lui montra les lettres qu’il avoit reçues, & lui nomma plusieurs dames sur qui ses soupçons étoient tombés. Son ami qui étoit sage, rêva long-temps sur la chose, & après lui avoir dit que toutes les femmes que la passion entraîne, n’en sont point assez maîtresses pour se posséder, autant que faisoit celle qui avoit commencé à lui donner des marques de la sienne, dans le temps même qu’elle le voyoit dans un