Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/106

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viennent avec moi, que la ſociabilité eſt un des caractères diſtinctifs d’un être raiſonnable.

Il s’enſuit qu’une des plus grandes bénédictions que la providence puiſſe donner à l’homme ſur la terre ; c’eſt de lui faire rencontrer des gens de mérite, dont l’humeur ſoit conforme à la ſienne. Il s’enſuit encore que le meilleur caractère d’un homme, après la piété & la probité, c’eſt d’être ſociable, & propre à contribuer aux agrémens de la vie civile.

Quel charme n’eſt ce pas de voir ſur le viſage de quelqu’un la bonté de ſon naturel qui y brille, la ſérénité de son ame continuellement peinte ſur ſon front ! Quel charme de le voir toujours dans une humeur égale, agréable à lui-même & aux autres ! ſon cerveau eſt débarraſſé de chimères ; & ſon cœur libre d’inquiétudes, communique ſa tranquillité aux opérations de ſon esprit. Un tel homme eſt ſans ceſſe paiſible poſſeſſeur de lui-même ; ſa vie eſt une anticipation ſur le bonheur éternel, dont la paix & la tranquillité feront la partie la plus eſſentielle.

Si un tel homme eſt acceſſible au chagrin, ce n’eſt que lorſque la raiſon n’eſt pas entièrement contente d’elle-même, ou lorſqu’elle compatit aux malheurs d’autrui : ces paſſions violentes & tumultueuſes, qu’on peut conſidérer comme les otages de l’ame, lui ſont entièrement inconnues ;