Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/85

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qu’on tombe dans cette honteuse lâcheté, on déroge, on fouille le sang dont on est sorti, on se confond avec les faquins les plus méprisables.

Ceux qui ont poussé les idées du point d’honneur jusqu’à la chimère, soutiennent que le démenti ne doit être donné qu’aux derniers des hommes, qu’à des gens accoutumés à recevoir patiemment des coups de canne. Selon eux, cet affront doit passer pour si atroce, & pour si insupportable dans l’esprit de tout autre, que celui qui se hasarde à choquer jusques-là les règles de la politesse, n’a pas le moindre droit de prétendre qu’on en use avec lui selon les règles ordinaires de l’honneur. On peut le mettre de niveau avec les bêtes féroces, qu’on assomme partout où on les trouve. Suivant les règles du point d’honneur, l’injure que cet homme a faite, en donnant un démenti, doit être lavée dans son sang. Un militaire qui auroit reçu un démenti, & qui ne s’en vengeroit pas, quoique brave d’ailleurs, seroit méprisé de son corps, & obligé de quitter le service.

Mon intention n’est pas de plaider pour ces sortes de maximes extravagantes ; je les allègue uniquement pour prouver la vénération générale qu’on a pour la véracité d’un homme & pour sa ponctualité à garder sa parole. Les François,