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De Bocace.

monde ne juge que par l’écorce ; que le mérite en négligé n’a point le même éclat que ſous un habit magnifique ; mais les femmes ne laiſſent pas d’être blâmables de ce que les hommes ne ſauroient leur plaire, ſans porter comme elles le luxe juſqu’à l’excès. Le mari qui a payé l’emplette de leurs parures, la dépenſe en étant faite, conſent bonnement qu’on les uſe, sans prévoir la conſéquençe de l’uſage qu’elles en veulent faire ; & loin d’être reconnoiſſantes des complaiſances qu’on a pour elles, elles en deviennent plus fières se plus ſottes que jamais.

Leur avidité pour le bien est inconcevable. Feignant de conſerver celui de leurs maris, & d’être comme elles doivent dans leurs intérêts, elles ſe mêlent de toutes leurs affaires ; rien n’échappe à leur curiosité : ſous prétexte d’économie & de ſoin, elles ont inceſſamment des démêlés avec les fermiers, les domeſtiques, les aſſociés, les parens même de leurs époux, & ne paroiſſent bonnes ménagères en public, que pour être diſſipatrices en particulier. Elles ne ſont libérales qu’envers ceux qui ſervent leurs paſſions. Dès qu’on eſt utile à leur beauté, à leurs plaiſirs, à leur curioſité, à leurs vengeances, elles ne marchandent point le prix de ces ſervices, rien ne leur coûte ;