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Le Songe

non-ſeulement elles dépenſent de bonne grâce, mais encore elles prodiguent leur bien.

Lorſque ces raiſons ne ſubſiſtent plus, l’intérêt leur fait faire cent baſſeſſes : elles ſe font rendre compte d’un bout de chandelle ; elles paient mal leurs domeſtiques ; elles pillent leurs maris, elles ruinent leurs amans. Telle qui tient bon contre la tendreſſe d’un homme qui ne lui plaît pas, échoue contre ſon or : elles idolâtrent ce métal, & n’ont rien à lui refuſer. Il n’eſt point de vieillard si décrépit & ſi chaiſieux qu’elles n’épouſent volontiers, s’il eſt beaucoup plus riche qu’elles. Leur délicateſſe ſe conſole dahs l’eſpérance d’être bientôt délivrées des dégoûts qu’un tel hymen leur prépare. Elles emploient toute leur induſtrie pour donner dans la vue de l’opulent griſon, & dès qu’elles ſont mariées, elles n’épargent ni careſſes, ni complaiſances pour mériter un article avantageux dans le teſtament du bonhomme. S’il eſt trop vieux pour avoir des enfans, il arrive ſouvent qu’il ne manque pas pour cela d’héritier qui porte ſnom ; car ſi la dame, avec le recours qu’elle emprunte, ne lui en peut donner, elle a quelquefois aſſez d’habileté pour feindre une grossesse, & ſe faire honneur du travail d’un autre ; & tout cela, afin que veuve & tutrice, elle puiſſe