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Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1905-06.pdf/142

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trer avec toi aujourd’hui. J’attends Madeleine Lisan.

— Ah ! dit la jolie fille. »

Elle fit une petite moue en rattachant dans son chignon des mèches désordonnées de ses beaux cheveux blonds. Elle demanda :

« As-tu vu Madame Abel ?

— Non. Elle a dû venir en retard. J’ai attendu sur le palier jusqu’au dernier moment.

— Pauvre vieille ! Écoute, je m’en vais. Viens tôt, demain, nous causerons.

— À huit heures ?

— Oui. Je serai dans la grande salle.

— Oui. »

Les pupitres claquaient. Les élèves s’écoulaient lentement. Une grande rousse, qui « doublait » l’année, affalée sur sa chaise, déclarait qu’elle n’en pouvait plus ! qu’elle n’en pouvait plus ! Une autre la consolait, essayait de lui éclaircir quelque problème d’algèbre, écrivait à la craie sur le tableau noir. Julia Mikils passa en récitant des vers de Mallarmé. Plantureuse et mystique, le front bien encadré par les bandeaux ouverts, elle avait une belle figure grasse de vierge flamande. Elle était au courant de la littérature moderne, touchait de l’orgue et affectait une excessive originalité. Elle aimait d’étonner et déplaisait à ses compagnes, qui s’exagéraient ses travers.