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Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1905-06.pdf/150

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petits actes du devoir quotidien, où elle apportait de l’abondance et de la poésie.

Elles avaient traversé les Galeries Saint-Hubert ; elles montaient la rue de la Madeleine, la Montagne de la Cour, encombrée de gens et de voitures. À chaque instant la foule les séparait, coupait une phrase en deux. Mais au faubourg d’Ixelles un calme subit succédait au bruit et à l’agitation. À mesure qu’elles marchaient, ce calme grandissait jusqu’à devenir du silence. Les rues tristes et mal éclairées n’avaient plus que de rares passants.

Elles traversèrent la place Sainte-Croix. Arrivées au bord des étangs, elles s’arrêtèrent, s’interrogeant des yeux.

« En faisons-nous le tour ?

— Oui, dit Madeleine. »

Charlotte hésita un instant, car si elle était à deux pas de sa demeure, Madeleine, qui habitait à l’autre bout de la ville, avait encore un long trajet à faire par des quartiers déserts et dangereux.

Cependant, elle ne résista pas à la tentation de cette promenade qu’elles faisaient presque tous les soirs. Elle prit le bras de son amie, et le serrant très fort jusqu’à la soulever de terre, elle lui fit descendre la berge.

Là, tout était parfaitement silencieux. Pas un