Dans la clarté trouble d’une matinée de juillet, — clarté fade, tirant sur le gris, comme enveloppée d’un nuage d’une diaphanéité terne, — et sous les lourds écoulements des rayons tombant drus et chauds, la grand’place de la petite ville de Veaumîne s’étend plate, immense, silencieuse…
À droite, les maisons, — les unes à deux, les autres à trois étages, — s’alignent en une enfilade morne et irrégulière, les contrevents verts hermétiquement clos, et brûlés des fulminantes caresses d’un soleil irrité, craquelant leur badigeon blanc et rugueux.
À gauche, confusément noyées dans leur pénombre, quelques constructions, à l’aspect plus sévère, se détachent faiblement dans l’encadrement brillant du ciel bleu. Des fenêtres larges ouvertes, mais que cachent des rideaux de diverses couleurs, s’échappent des odeurs aigres, — des odeurs de graillon. Çà et là, une hampe aux couleurs nationales, soutenant un drapeau flasque, immobile.
Et de toutes ces habitations dormant en quelque sorte dans une fatigue, un alanguissement général, s’élèvent par la cheminée des fumées grises, — des fumées qui montent lourdement, se déroulent avec lenteur, se dissipent…
De temps en temps, une volée de pigeons blancs s’abat sur la grand’place, piétine longuement, en tous sens, puis reprend son vol lent et circulaire pour s’arrêter, là-bas, au pignon le plus élevé.
Et tout au fond, contournant l’église, — une église vieille avec son clocher en réparation, sa porte basse et son cadran presque imperceptible, — des marchands, endormis sur leur