On vous l’écorche, on vous le plume.
À ses cris les valets accourent :
« Qu’est-ce ? Pourquoi ? Comment ? » Personne n’en sait rien.
« Lâchez-moi, crie Riabko,
« Foi de chien, je n’en peux plus… » Et notre Riabko ne ment pas.
Peine perdue : Iavtouk ne cesse pas de lui caresser l’échine.
« Qu’on le relâche immédiatement ! » clame le maître à haute voix
Et il sort lui-même rapidement de la maison.
« Lâchez-le, crie-t-on de toute part, Riabko a subi sa peine. »
— « Mais, braves gens, en quoi avais-je fauté ?
« Pourquoi vous moquez-vous de moi ? » dit notre malheureux,
« Pourquoi me maltraitez-vous de pareille façon ?
« Pourquoi ? Pourquoi ? » répétait-il en versant des ruisseaux
De larmes amères et se tenant les côtés.
— « C’est pour t’apprendre, dit l’un des serviteurs,
« À ne pas troubler pendant la nuit le sommeil de tes maîtres ;
« C’est parce que… mais ici… sortons plutôt de la maison,
« Car les murs ont des oreilles.
« Sortons dans la cour, Riabko. »
— Ils sortirent.
« Ce n’est pas pour rien qu’on t’a battu,
« Dit Iavtouk à Riabko. — Le motif pour lequel
« Je t’ai si bien frotté l’échine, mon pigeon,
— « Est-ce ma faute ? Es-tu devenu fou, Iavtouk ?
— « Eh ! Eh ! fit Iavtouk, es-tu peut-être devenu enragé ?
« Tu es coupable, tou-tou, d’avoir aboyé pendant la nuit,
« Sachant que notre maître avait perdu hier soir aux cartes.
« Ne sais-tu pas,
« Que celui qui a perdu au jeu
« Qu’il est d’humeur à injurier ou à battre son propre père ?
« Tu savais bien, Riabko, que ton maître ne pourrait dormir.
« Au diable, pourquoi aboies-tu ? Qu’as-tu à hurler ?
« Laisse-le aboyer lui-même, va te coucher tranquillement,
« Cherche un bon coin dans une meule de paille et dors gentiment.
« Tu le vois ici-même, à tour de bras