(En ce moment il y en a le diable sait combien dans le village) —
Riabko ne dort pas, mais il aboie et hurle,
Que je sois pendu, si les oreilles ne m’en tintent.
Sans se douter qu’il n’échappera pas à ce qu’on lui réserve.
Il aboie sans trêve jusqu’à ce que l’aube paraisse ;
Alors il s’allonge dans sa niche et se met à ronfler.
Pourquoi ne dormirait-il pas ? Sait-il ce qui va lui arriver ?
Il s’endort donc délicieusement du sommeil du juste
Qui a fidèlement gardé les biens de son maître.
« Ici, Riabko, ici ! tiens, tiens ! Faites venir Riabko ! »
— « Voilà, voilà, mes petits pères, dites, de quoi s’agit-il ? »
Riabko bondit, fait jouer sa queue dans tous les sens,
Tant il a de joie, comme un balai,
Le pauvre sot fait grincer ses dents de plaisir.
Ses yeux brillent comme ceux d’un furet, il se pourlèche les babines.
« Allons ça vient, pense-t-il, ce n’est pas en vain qu’à la ferme
Depuis l’aube même
Tout se trémousse autour de moi ;
Il se peut que le maître ait ordonné de me donner un peu de rôti
Ou que j’en reçoive un morceau de bouilli,
Mais qu’il a aboyé à plein gosier pour chasser les voleurs. »
— « Ici, Riabko, ici ! » crie de nouveau un coquin de valet
Et il vous l’attrape par une oreille.
« Étendez, Riabko ! » crie-t-on. Et voici le maître qui s’amène.
« Donnez à Riabko une tournée, dit-il, étrillez-le ! Voici le fouet. »
« Aïe ! Aïe ! Aïe ! » — Le maître dit : « Ne faites pas attention, continuez ! »
« Je ne le ferai plus, petit père !… Qu’est-ce qui me vaut cet honneur ? »