Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/127

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Pas encore baptisé.
Ce n’est pas moi qui te baptiserai ;
Pour ton malheur,
Ce sont des étrangers qui le feront
Et moi, je ne saurai pas
Le nom qu’ils t’auront donné — mon enfant.
J’ai été riche…

Ne me maudis pas ! Je prierai pour toi,
Je supplierai le ciel,
Avec mes larmes, j’obtiendrai pour toi un heureux destin
Et je te l’enverrai. »

Elle allait par les champs en sanglotant,
Enveloppée de brume,
Et à travers ses larmes tout doucement
Elle chantait la chanson de la veuve,
De cette veuve qui dans le Danube
Enterra ses fils :
« Dans les champs il y a une tombe,
C’est là que la veuve allait,
Là elle allait et errait,
Cherchant une fleur vénéneuse.
Cette fleur vénéneuse, elle ne la trouva pas,
Elle donna le jour à deux enfants,
Les enveloppa d’un foulard de soie
Et les porta au Danube :
« Ô Danube, tranquille Danube,
Fais jouer mes enfants.
Et toi, sable jaune,
Nourris-les.
Baigne-les, emmaillote-les,
Fais-leur une couverture de tes ondes. »

I.

Il était une fois un vieux et une vieille,
Il y a bien longtemps de cela, dans une clairière près d’un étang,
Qui vivaient tous deux sur leur petite propriété,
Comme deux enfants,
Toujours à deux.
Dès leur enfance ils avaient mené ensemble paître les agneaux,

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