Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LES GRANDS MAÎTRES
DU XIXe SIÈCLE.

Tarass Chevtchenko :

La servante.

Prologue.

Un dimanche de grand matin
Les champs étaient couverts de brume ;
Dans la brouillard, sur une tombe
Était penchée comme un peuplier
Une jeune femme.
Elle pressait quelque chose sur son sein
Et conversait avec le brouillard :
« Ô brouillard, mon brouillard,
Tu vois mon destin maudit.
Pourquoi ne me caches-tu pas
Au milieu de la lande ?
Pourquoi ne m’étouffes-tu
Et ne m’enfonces-tu pas dans la terre ?
Du triste fardeau de ma vie
Pourquoi ne me délivres-tu pas ?
Non, ne m’étouffe pas, cher brouillard.
Seulement cache moi dans les champs
Que personne ne connaisse et ne voie
Mon malheur.
Je ne suis pas seule, j’ai encore
Un père et une mère…
J’ai encore — ô brouillard,
Brouillard, mon frère,
Mon enfant, mon jeune fils

98