Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais la servante sur le seuil
Se cramponna des mains
À l’embrasure et s’évanouit.
Le silence se fit dans la chaumière,
Seulement on entendit la servante chuchoter :
« Mère !… Mère !… Mère ! »

V.

Une semaine après, de jeunes femmes
Pétrissaient le gâteau des noces
À la ferme. Le vieux père
Fait tous ses efforts
Pour leur tenir pied :
Il balaie la cour,
Ceux qui passent à pied ou en voiture
Il les prie d’entrer,
Leur offre de la liqueur
Et les invite à la noce.
Le voilà qui court, quoiqu’il se tienne
À peine sur ses jambes ;
Partout du bruit et des rires,
Tant dans la maison que dans la cour,
Et les tonnelets de provisions sortent
En roulant de la dépense.

Partout des préparatifs : on cuit, on rôtit,
On balaie, on lave…
Et ce sont des étrangers qui le font. Où est donc la servante ?
À Kiev en pèlerinage
Anna est partie. Le vieux l’a suppliée,
Marc a même pleuré
Pour qu’elle lui serve de mère.
« Non, Marc, a-t-elle dit, aucunement
Il ne me convient de jouer ce rôle :
Vous êtes des gens riches,
Moi la servante ; les gens
Se moqueraient de toi.
Que Dieu vous aide !
Moi, je m’en vais prier
Tous les saints à Kiev,
Et en retournant je viendrai

106