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ne cessent de proclamer la liberté, mais la liberté n’habite pas chez elles, car il n’y a point de liberté sans foi.

Or les Slaves sont les derniers venus dans la famille de Japhet.

Il arrive que le plus jeune fils aime le mieux son père, et qu’il reçoive cependant une part moindre que celles de ses aînés, mais, plus tard, quand ceux-ci ont gaspillé leur héritage, tandis que le plus jeune a conservé le sien intact, il vient au secours de ses frères.

La race slave avant de recevoir la foi n’avait ni empereur, ni seigneurs, tous étaient égaux et chez eux il n’y avait point d’idoles, car les Slaves adoraient le Dieu unique et tout-puissant, avant même qu’ils le connussent — comme le dit des Slaves un historien grec.

Après que les aînés, les Grecs, les Romans et les Germains, eurent été éclairés, le Seigneur envoya chez leurs frères slaves puînés les deux frères Constantin et Méthode. Le Seigneur les couvrit de son esprit, ils traduisirent en langue slave les Saintes Écritures et décidèrent de célébrer le service divin dans la langue qui servait dans la vie courante, ce qui n’existait ni chez les Romans, ni chez les Germains, car on y célébrait le service divin en langue latine, de sorte que les premiers ne comprenaient que très peu et les seconds point du tout ce qu’on y disait.

Et bientôt les Slaves pratiquèrent la foi du Christ, comme aucun autre peuple ne l’avait pratiquée.

Cependant il y avait deux défauts chez les Slaves : d’abord qu’ils ne s’entendaient pas entre eux, ensuite que, comme c’est la coutume des frères plus jeunes, ils imitaient en tout, soit pour leur bien, soit pour leur mal, leurs aînés, sans s’apercevoir que ce qu’ils avaient était meilleur que ce qu’avaient leurs frères.

Et ils empruntèrent aux Germains les rois et les princes, les boïars et les seigneurs. Or les rois n’étaient auparavant chez eux que des fonctionnaires élus, aussi ne s’élevaient-ils pas orgueilleusement aux yeux du peuple, mais partageaient le repas de l’homme le plus simple et labouraient eux-mêmes la terre, mais plus tard ils prirent l’orgueil et les pompes, une garde et une cour.

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