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Les Slaves n’avaient pas non plus de seigneurs, ils avaient des anciens : les plus avancés en âge, et qui avec cela étaient les plus sages, avaient de l’autorité dans les assemblées — or, plus tard, apparurent chez eux les seigneurs et les serfs.

Et l’Éternel punit la race slave plus encore que les autres races, car le Seigneur dit lui-même : « Plus on vous aura donné, plus vous aurez à répondre. » Et les Slaves devinrent les esclaves de l’étranger : les Tchèques et les Polabes des Allemands, les Serbes et les Bulgares des Grecs et des Turcs, les Moscovites des Tartares.

Et il sembla que la race slave elle aussi dépérissait, car les Slaves qui habitaient le long de l’Elbe et le littoral de la Mer Baltique périrent de façon qu’il n’en resta plus de traces.

Mais la colère de Dieu contre la race slave n’était pas encore à bout, car Dieu décréta que sur elle s’accomplirait ce qui est écrit : « La pierre qui a été laissée de côté dans la construction en deviendra la pierre angulaire. »

Les temps s’accomplirent et il parut dans les pays slaves trois royaumes indépendants : la Pologne, la Lithuanie et la Moscovie.

La Pologne était le royaume des Polonais et ces derniers criaient : « Chez nous aussi règnent la liberté et l’égalité. » Mais ils laissèrent établir le système seigneurial et le peuple polonais s’abêtit, car le bas peuple tomba dans l’esclavage le plus dur qui ait jamais existé et les seigneurs pendirent et assommèrent leurs serfs sans aucune ombre de justice.

La Moscovie était le royaume des Moscovites. Et il y avait chez eux une grande République de Novogorod, où tous étaient libres et égaux, quoiqu’ils eussent des seigneurs. Et Novogorod périt pour avoir accepté les seigneurs. Et le tzar de Moscou prit la haute main sur tous les Moscovites, n’y ayant réussi qu’en s’humiliant devant les Tartares et en baisant les pieds du Khan, un infidèle, pour qu’il l’aidât à maintenir dans un esclavage sans issue le peuple chrétien des Moscovites.

Et le peuple moscovite s’abêtit et tomba dans l’idolâtrie, car il mit son tzar à la place de Dieu et trouvait bon tout ce qu’il disait. Or le tzar Ivan pendit et noya les gens par dizaines de mille à Novogorod et cependant, les chroniqueurs, en racontant cela, l’appelaient adepte du Christ.

La Lithuanie était le royaume des Lithuaniens et l’Ukraine

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