Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/171

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nom d’Ukrainien dans le sens le plus large, c’est-à-dire national. Enfin paraît Chevtchenko qui, issu de la Kiévie, ne connaît à son pays d’autre nom que l’Ukraine et à ses compatriotes que celui d’Ukrainiens. La terminologie nationale est fixée.

La Galicie résiste encore longtemps : les vieilles dénominations de russe ou ruthène se conservent ici par tradition : pour un Galicien l’Ukrainien c’est l’habitant de l’Ukraine orientale. Mais les termes eux-mêmes prêtaient à confusion ; on distinguait assez bien entre rosyiski (grand-russe) et rouski (ukrainien), mais Rous c’était la Grande-Russie, Rous c’était aussi l’Ukraine. Les adversaires du mouvement national profitaient de cette terminologie équivoque pour prouver l’unité des trois branches des slaves orientaux, de la grande nation russe, et nier l’existence de la nation, de la langue, de la littérature ukrainienne. On essaya d’en sortir en formant des mots composés : ukraino-russe, Russie Ukrainienne etc., il fallut en arriver, vers la fin du XIXe siècle, à la terminologie qu’avaient consacrée les grands maîtres de la littérature nationale. Seule l’Ukraine Subcarpathique, qui a gémi si longtemps sous l’oppression jalouse de la Hongrie, n’a pas encore pris une attitude définitive. Mais la question est résolue aujourd’hui ; toutes les parties du territoire national sont ukrainiennes, l’histoire du pays à toutes les époques, sa littérature, sa civilisation, c’est l’expression tangible de la vie nationale ukrainienne.