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dire, le squelette de la littérature ukrainienne des temps les plus reculés jusqu’à nos jours. Nous reproduisons des exemples de la rhétorique usitée dans le panégyrique d’Hilarion, les sermons de Cyrille de Tourov, et qui a servi de modèle à la prose artistique des époques postérieures. Parmi des œuvres poétiques, le poème sur l’expédition d’Igor et le panégyrique de Roman traitent un sujet particulièrement vivant qui devient l’un des thèmes principaux de la poésie ukrainienne ; les combats de la steppe, la lutte de la civilisation slave contre les dévastations des nomades. Nous trouvons les échos attardés de cette littérature, aux xive et xve siècles, dans le poème sur la résurrection de Lazare qui se ressent de l’influence du poème d’Igor et dans l’épître de Missaël, un des derniers adeptes de la rhétorique qui florissait dans les sermons d’Hilarion.

En ce qui concerne la première renaissance, qui se concentra surtout autour de « l’Académie d’Ostrog » et de la Confrérie de Léopol, nous donnons tout d’abord la parole à deux tribuns de l’époque, qui s’élevèrent contre l’oppression par le catholicisme polonais de la conscience de leurs compatriotes, centre l’étranglement de l’église nationale, de la tradition et de l’histoire : Hérazime Smotrytsky, de l’académie d’Ostrog, Jean de Vychnia, de la Galicie. D’une époque un peu postérieure, nous donnons les lamentations de Melety Smotrytsky sur le malheureux état de la vie nationale et de l’église orthodoxe un peu avant que les cosaques apparussent pour les protéger. Le mémorandum des évêques ukrainiens qui suit, ne se contente pas de donner une appréciation sur ces nouveaux défenseurs des libertés nationales, mais il manifeste aussi la conscience historique de l’époque considérant les ouvriers de la renaissance comme les véritables descendants des champions d’autrefois[1]. Deux pièces de vers donneront un exemple des productions des nouvelles écoles organisées par la renaissance sur le modèle occidental. Malgré leur rudesse élémentaire, elles ont une place dans la littérature comme exemples de ces productions humoristiques, qui, sous la forme intentionnellement grossière transmise par la tradition scolaire, se sont conservées jusqu’au xixe siècle.

  1. Les « lamentations » et le « mémorandum » en considération du public auquel ils s’adressaient, furent publiés en polonais. De même « L’Histoire des Russes ou de la Petite-Russie » fut écrite par l’auteur ou les auteurs anonymes en russe. Ce sont les seules œuvre en langues étrangères dont il soit donné des extraits dans cette anthologie.
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