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Après la première partie consacrée à la première renaissance, nous avons dédié quelques pages à la poésie populaire sur le développement de laquelle l’époque cosaque avait laissé la forte empreinte qu’elle porte encore aujourd’hui, ou, plus exactement, qu’elle portait dans la première moitié du xixe siècle, quand on recueillit avec piété les productions populaires, car, aujourd’hui, il ne reste que bien peu de choses des anciennes créations dans la bouche du peuple.

On sait que la poésie populaire ukrainienne devança de longtemps la poésie écrite et que, pendant neuf siècles, elle se développa parallèlement avec elle, tout en changeant les thèmes dont ces deux littératures, écrite et orale, se fécondaient réciproquement. Elle a donc eu son histoire particulière qui nous échappe malheureusement en grande partie, car nous ne pouvons saisir que les phases de son évolution les plus récentes qui portent indubitablement le sceau des périodes de la vie nationale qui y correspondent. C’est l’époque des princes et des boïards, puis le christianisme, les luttes avec les hordes, qui, sous l’influence des chanteurs serbes errants finirent par se cristalliser autour des Turcs et des Tartares. Plus tard, ce fut la cosaquerie, les guerres contre les Turcs et les Tartares, la servitude sous les Polonais. En tenant compte de cela, on peut diviser le répertoire poétique populaire de la façon suivante :

Le groupe le plus ancien ou archaïque. Ce sont de vieilles créations qui ne rappellent ni le christianisme, ni le régime des princes et des boïards ; hors les additions plus récentes, mécaniquement enchâssées, elles reproduisent des inventions d’un caractère évidement plus ancien.

Les pièces qui manifestent une influence organique de l’époque des princes et des boïards, comme plusieurs Noëls, chansons de noce etc.

Le groupe à sujets chrétiens.

Les chansons sur les invasions des hordes et des Turcs, l’esclavage chez l’ennemi, les évasions etc. Quelques-unes des poésies de ce cycle ont un arrangement caractéristique qui provient, peut-être, de l’imitation des ménestrels serbes, très répandus en Ukraine au xve et xvie siècles.

Les sujets cosaques.

Dans la seconde moitié du xviie siècle et, probablement, sur une plus grande échelle au xviiie siècle, ces sujets cosaques furent remaniés et redonnés sous la nouvelle forme de ce qu’on

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