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dizaines de mille, » il ajouta une dizaine en plus, car les Russes n’étaient que dix mille. Alors les Grecs ne payèrent pas le tribut et expédièrent cent mille hommes contre Sviatoslav. Sviatoslav s’avança vers les Grecs et il y eut une rencontre. Les Russes eurent peur de la masse des soldats grecs, mais Sviatoslav leur dit : « Nous n’avons plus la possibilité de nous sauver, il faut rester bon gré mal gré. Ne déshonorons pas notre pays russe, laissons nos os ici. Morts, nous n’aurons pas de honte, en nous sauvant que nous en aurions. Je ne fuirai pas, moi. J’irai en avant et, une fois ma tête tombée, faites vous-mêmes ce que bon vous semblera. » Et les soldats dirent : « Où ta tête tombera, les nôtres tomberont aussi. » Et les Russes formèrent leurs lignes et il y eut une grande bataille ; Sviatoslav fut vainqueur et les Grecs se sauvèrent, Sviatoslav marcha donc contre leur ville en guerroyant contre les habitants et pillant les villes qui restent encore désertes depuis ce temps.

Alors l’empereur rassembla ses nobles et toute sa cour et dit : « Qu’allons nous faire, puisque nous ne pouvons lui résister ? » Et les nobles lui dirent : « Envoie lui des cadeaux pour l’éprouver et pour savoir s’il aime l’or et les riches étoffes. » On lui envoya donc de l’or et des étoffes et un sage auquel on dit : « Fais attention à son regard, à son visage et tâche de deviner sa nature. » Le sage prit les présents et alla chez Sviatoslav. Quand on lui dit que les Grecs étaient venus pour le saluer et lui apporter des présents, il dit : « Faites les entrer ! » Ceux-ci entrèrent et, l’ayant salué, ils étalèrent l’or et les riches étoffes devant lui. Mais Sviatoslav, sans même regarder, dit à ses pages : « Enlevez cela ! » Les messagers revinrent chez l’empereur et quand la cour fut rassemblée, ils dirent : « Nous avons été chez lui et nous lui avons présenté les cadeaux, mais il ne les a pas même regardés et a dit de les enlever. » Et quelqu’un dit : « Tente-le encore une fois et envoie-lui des armes. » On l’écouta et on envoya une épée et d’autres armes. On les apporta chez Sviatoslav qui tout de suite se mit à les louer, à faire des compliments à l’empereur. Les messagers revinrent chez l’empereur et lui racontèrent comment tout s’était passé. Les nobles dirent : « Ce doit être un homme sans pitié, puisqu’il ne tient pas aux richesses, mais qu’il préfère les armes ; consens à lui donner un tribut de guerre. » Sur quoi l’empereur lui envoya dire : « Ne marche pas contre la ville, mais demande le tribut que tu voudras. » Car il était sur le point de prendre Constantinople. On lui paya le tribut de

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