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vent la pourpre et la sagesse comme des ordures et ne tient compte que de la pureté des cœurs. Il prête l’oreille aux simples et précipite les puissants de leurs trônes, pour mettre à leur place ceux qui tout à l’heure remuaient le fumier de leur fourche.

Jean de Vychnia

Contre l’oppression des paysans.
(D’une lettre aux évêques.)

Jean de Vychnia, originaire de Galicie et moine du Mont Athos, est l’auteur de nombreuses lettres, écrites surtout à l’occasion de l’union des églises. Il est le mieux doué des écrivains de cette époque. Ascète rigoureusement orthodoxe, il se distingue par l’ardeur de ses polémiques et la vigueur de son tempérament.

Dites-moi, ô vous qui contractez l’union, quel est celui d’entre vous qui s’est soumis aux premières exigences de la foi, bâtie sur un fondement inébranlable et qui s’est trouvé en remplir les commandements ? N’est-ce pas Vos Grâces qui ont détruit cette foi par leurs mauvaises actions ? N’est-ce pas Vos Grâces qui, par leur cupidité et avarice, par leur amour des jouissances mondaines, ont fait jaillir en elles-mêmes une source de luxure, et qui ne pouvant plus se satisfaire, mais ayant encore plus faim et plus soif de jouissances et de richesses, en sont devenus malades ? Dites-moi, ô vous qui contractez l’union, quel est celui d’entre vous qui, vivant dans le monde, a rempli les six commandements que le Christ a érigé en lois : donner à manger à ceux qui ont faim, à boire à ceux qui ont soif, accueillir les pèlerins, habiller ceux qui sont nus, soigner les malades, visiter les prisons ? N’est-ce pas Vos Grâces, qui non seulement ont détruit ces six commandements dans le monde laïque, mais qui encore ne cessent de les détruire maintenant dans le monde prétendu religieux ? N’est-ce pas Vos Grâces qui affamez ceux qui ont faim et soif, qui rendez misérables vos sujets, faits tout aussi bien que vous à l’image de Dieu, qui arrachez aux orphelins de l’église le patrimoine donné par de pieux chrétiens et qui traînez chez vous les gerbes et les meules de leurs aires ? Et vous-mêmes, vous vous nourrissez de la sueur et du travail des malheureux, vous passez votre vie assis ou couchés au milieu de vos serviteurs, riant, vous amusant et goin-

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