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le monarque russe. Ce sont les mêmes, qui, sous Vladimir, le saint monarque de la Russie, ravagèrent la Grèce, la Macédoine et l’Illyrie. Ce sont leurs ancêtres qui se firent baptiser avec Vladimir, qui prirent la foi chrétienne de l’église de Constantinople et qui jusqu’à aujourd’hui naissent, sont baptisés et vivent dans cette foi.

Ils ne vivent pas en païens, mais en chrétiens ; ils ont des prêtres, apprennent l’écriture, connaissent Dieu et sa loi. Comment peut-on penser que d’eux-mêmes et par la grâce de Dieu, ils ne puissent prendre soin de leur foi et de leur salut ? Il n’est besoin (pour en être assuré) que de considérer leur dévotion ; s’embarquent-ils, ils commencent par prier et déclarent qu’ils marchent contre les infidèles au nom de la foi chrétienne. Ils ont en vue, en second lieu, de délivrer les captifs. En même temps, ils s’engagent pieusement à partager leur butin entre toutes les églises, les monastères, les hôpitaux et le clergé. Pour assurer le salut de leur âme, ils rachètent les captifs ; ils construisent de nouvelles églises, des monastères, en élèvent les murs et les enrichissent. S’ils se trouvent dans des contrées désertes, ils n’oublient pas leur foi et leur piété et la pratiquent d’autant mieux qu’ils l’observent et en prennent soin lorsqu’ils retournent chez eux, où leurs pères, leurs frères et les leurs font partie du clergé. Il est certain que dans le monde entier personne, après Dieu, ne rend de pareils services aux chrétiens opprimés que les Grecs par leurs rachats de captifs, le roi d’Espagne par sa puissante flotte, et l’armée zaporogue — par son audace et sa force extraordinaire : ce que les autres peuples acquièrent par leurs paroles et par leurs discours, les cosaques l’atteignent par leurs exploits mêmes.

Et les prêtres pourraient-ils le leur enseigner ? Qui leur apprend l’art de faire la guerre sur terre ? Qui leur apprend à se mouvoir avec tant de légèreté sur l’eau dans leurs monoxyles, qui, comparés à des vaisseaux et à des galères, ne paraissent pas meilleurs que des pétrins ? Qui les fait se soulever, lorsque pour régler leurs affaires, ils bivouaquent armés à la belle étoile et pendant quelques mois discutent les malins stratagèmes de leurs ennemis[1] ? Bien avant que nous soyons leurs pasteurs, qu’ils nous aient accueillis à Kiev et en Ukraine et que son Excellence

  1. Allusion aux pourparlers récents entre les commissaires du gouvernement polonais et les cosaques.
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