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Les oiseaux y viendront à tire-d’aile,
Pour en manger les fruits,
Et ils lui porteront
Des nouvelles de l’Ukraine.

CHANSONS D’AMOUR.

Les deux pigeons.

À la lisière d’un bois, sous un obier
Deux pigeons s’étaient perchés.
Ils se caressaient, se becquetaient,
Se couvraient de la même aile.
Un aigle sortit sans bruit d’un nuage noir
Et arracha la pigeonne à son compagnon.
Il tua le pigeon sur l’obier,
Laissant couler son sang dans la vallée,
Et emmena la femelle sur les bords du calme Danube.
Il la conduisit dans une vigne,
Lui donna des grains et lui porta de l’eau :
« Mange, petite pigeonne, bois ma colombe. »
La pigeonne ne mange pas, ne boit pas,
Elle s’en va toujours pleurer sous un obier.
« Pourquoi ne manges-tu pas, ne bois-tu pas
Et t’en vas seulement pleurer sous l’obier ? »
— « Je ne mangerai pas, je ne boirai pas,
N’ayant plus personne au monde avec qui je pourrais vivre. »
— « De quoi es-tu donc si fière, ma colombe,
Est-ce de ta beauté, qui est si grande ? »
— « À quoi bon ma beauté et ma jeunesse,
Si je n’ai personne à aimer ! »
L’aigle partit par delà les montagnes
Et ramena tout un troupe de pigeonneaux.
« Voici, ma colombe, sept cents pigeons,
Choisis celui que tu aimeras le mieux. »
« Il y a beau y avoir sept cents pigeons,
Il n’y en a pas un seul comme mon ami.
Lui avait des marques spéciales,
Des ailes grises, des yeux noirs.
Mon pigeon gris, aux ailes blanches,
Au visage rose, au sourcil noir. »

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