Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le mariage du cosaque.

D’un côté la montagne,
De l’autre la montagne,
Du milieu des rochers escarpés
Se levait l’aurore.

Hélas ! ce n’était pas l’aurore —
Mon aimée
Avec ses seaux neufs[1]
S’en allait à la fontaine.

« Mon aimée,
Fais boire mon cheval
Au puits à margelle
Dans ton seau neuf[2].

Mon aimée,
Pourquoi ne t’es-tu pas mariée ?
— J’étais pauvre et en service,
Je n’ai point trouvé de compagnon. »

« Mon cher cosaque.
Pourquoi ne t’es-tu pas marié ?
— J’ai chevauché au loin dans les champs
Et je m’y suis attardé. »

Ma bien aimée,
Monte sur mon cheval,
Nous irons au loin dans les champs,
Vers ma chaumière.

Et ma chaumière,
N’a même pas un pal de palissade ;
Il y a seulement un buisson d’obier
Et il n’a jamais fleuri.

Ô, buisson d’obier,
Pourquoi n’as-tu pas fleuri ?
— « L’hiver est venu, a tué les fleurs
Et je n’ai pas refleuri. »

  1. Les femmes ukrainiennes vont puiser de l’eau à la fontaine dans des seaux de bois qu’elles portent, à l’aide d’une palanche sur les épaules.
  2. Seau neuf et puits à margelle — symboles de chasteté.
43