Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment, laconiquement, et sans expliquer la façon dont c’est arrivé, comment cela s’est passé et comment cela a fini. Par conséquent, s’il est possible de trouver quelque chose digne de louange sur nos ancêtres cosaque-russes, ce n’est point dans nos chroniqueurs, mais chez les historiographes étrangers, grecs, latins, allemands et polonais, qui, non seulement sont difficiles à traduire dans notre langue cosaque, mais que l’on ne peut trouver dans la Petite Russie.

De même qu’il n’est pas possible de ressusciter un cadavre sans une grâce divine spéciale, l’homme le plus diligent, sans les témoignages et les descriptions des chroniques, ne peut expliquer et décrire quelque chose, serait-ce même pour satisfaire la vaine gloire du monde. C’est pourquoi, moi-même, non par paresse, mais par manque de chroniques cosaques suffisantes, je n’ai pas osé écrire, en suivant nos anciens et maigres auteurs, les grands et glorieux exploits de nos chefs, qui se sont passés à leur époque et sont restés dans l’oubli pour n’avoir pas été suffisamment décrits.

Il y a quelques années, lorsque les forces suédoises opéraient en Pologne et en Saxe, en traversant l’Ukraine de la rive droite avec les armées auxiliaires petites-russiennes, envoyées par ordre de Sa Majesté le Tzar pour soutenir les Polonais contre les Suédois et en voyageant par Korsoun et Bila Tserkva, ensuite en Volhynie, dans le Grand Duché Russe jusqu’à Léopol, Zamost, Brody et plus loin, j’ai vu beaucoup de villes et de châteaux dépeuplés et déserts, des remparts élevés autrefois avec beaucoup de peine par la main des hommes en masses semblables à des montagnes et à des collines, à présent servant seulement d’habitation et de refuge aux animaux sauvages. Quant aux endroits fortifiés qui se sont trouvés sur le passage de nos troupes dans notre expédition, comme à Tcholgansky, Konstantyniv, Berdytchiv, Zbarage et Sokal, j’ai vu les uns très peu habités, les autres complètement déserts, démantelés, jetés à terre, couverts de moisissure et de plantes inutiles et servant seulement de nid aux serpents, à toutes sortes de reptiles et autres vermines. En regardant autour de moi, j’ai vu les champs étendus de l’Ukraine petite-russienne de la rive droite, ses larges plaines, ses forêts, ses vergers, ses belles chênaies, ses rivières, pièces d’eau et lacs abandonnés, recouverts de mousse, de roseaux et de végétations inutiles. Ce n’est pas en vain que les Polonais, se plaignant d’avoir perdu l’Ukraine

49