Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/78

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de la rive droite, la vantaient et l’appelaient le paradis du monde polonais dans leurs universaux, car, avant les guerres de Chmelnytsky, c’était une nouvelle terre promise, où ruisselaient le miel et le lait. J’ai vu, en outre, en différents endroits beaucoup d’ossements humains desséchés et nus, qui n’avaient d’autre couverture que le ciel. Et je me suis demandé à moi-même : qui sont ces gens-là ? En voyant tous ces lieux déserts et ces ossements, mon âme et mon cœur se sont serrés de douleur, en pensant que cette belle contrée, comblée de toutes les bénédictions, notre patrie l’Ukraine petite-russienne, a été changée en un désert, que Dieu l’a abandonnée et que ses habitants, nos ancêtres glorieux, ont disparu sans laisser de traces.

Même quand je demandais à beaucoup de vieilles gens comment c’était arrivé, par quelle raison et par qui ce pays avait été ainsi dévasté, je n’obtenais jamais la même réponse, l’un affirmait ceci, l’autre cela, de sorte que je ne pouvais à cause de la divergence de ces récits, m’informer complètement sur la façon, dont notre patrie au delà du Dniéper avait été dévastée et était tombée à un tel degré de décadence. C’est seulement en me penchant sur les chroniques cosaques que j’ai pu quelque peu m’instruire des causes qui avaient amené la dévastation de ces contrées de l’Ukraine. J’ai pu cependant obtenir des renseignements complets sur cette dévastation de l’Ukraine dans le livre en vers de Samuel Tvardovski, imprimé à Kalich en 1681, dans celui de l’historien allemand Samuel Pufendorff, traduit du latin en russe et imprimé en 1718, dans la grande ville capitale de Saint Pétersbourg, et dans le journal de Samuel Zorka, secrétaire de Chmelnytsky.

Mais, ayant rencontré des divergences chez les annalistes aussi bien que dans les récits oraux, je me suis pris à me demander qui de ces historiens disait la vérité et qui s’en écartait. Ainsi, cher lecteur, si tu trouves dans mon ouvrage quelque chose qui te soit suspect ou contraire à la vérité, il se peut que tu aies raison. Si tu rencontres quelque chroniqueur cosaque plus parfait, tu pourras, mettant de côté ta paresse et te servant de l’intelligence dont Dieu t’a doué, me corriger en suivant cet auteur. Mais je te prie de couvrir bénévolement mon ignorance et de ne pas anéantir mon modeste travail. Car, en examinant l’histoire de ces actions militaires de la décadence de l’Ukraine de la rive droite et des malheurs qui ont frappé l’Ukraine de la rive gauche, il était difficile, soixante-dix ans après la guerre

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