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Par les Tartares pris,
Chez les Turcs je gémis
Dans la tristesse.

Nulle part il n’y a de bonheur, c’est certain.
Travailler, s’exposer à mourir, tout est vain.

Dieu m’a délivré de ma chaîne,
Mais je ne trouve plus la plaine
Où je naquis.
Les bois, les champs sont dévastés.
Les cours, les prés abandonnés
Les gens enfuis.

Il faut vers Dieu tourner nos regards, c’est certain,
Et par sa juste voie acquérir du butin.

À la Mère Sitche j’irai,
Au Nyz mon sort je trouverai
Chez les cosaques.
Là, tous mes efforts je ferai
Et pour Moscou bien me battrai
Dans les attaques.

Je verrai si au Nyz il y fait bon encor,
Si l’on peut attraper renard ou bien castor.

Contre les Turcs je combattrai,
Gloire par le fer acquerrai.
Guerre ferai.
Que ce soit étoffe moirée,
Ou bien soutane déchirée,
Tout de bonne prise sera,
Rien à mon œil n’échappera.

Puisse la gloire ancienne à nos bras revenir,
Comme le paon qui fait roue, épanouir,
Étaler sa fraîcheur, comme rose d’été.
Que Dieu des enfants turcs nous donne à capturer,
Que nous réussissions à prendre des Polaques,
Leurs côtes sentiront nos bâtons de cosaques.

(En voyant arriver un seigneur polonais, il se cache, tandis que des paysans lithuaniens viennent à la rencontre de leur maître.)
Le Polonais, rentre en chantonnant.
Tra la la, tra la la…
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