Hé, hé, messieurs, ce que j’ai été dans ma jeunesse !
J’en avais en moi de la force !
En rossant les Polonais ma main ne se fatiguait jamais —
Les épaules et les bras me font mal, ma force est partie.
Ô les années, les années, quelle mauvaise affaire !
Quand je tape sur la gueule, ça ne sert plus à rien,
Ô ma petite bandoura en or,
Que n’ai-je avec toi une jeune cabaretière !
Je danserais avec elle tout mon soûl, à en crever de rire,
J’oublierais avec elle mon mal pour toujours.
Car, quand je joue, plus d’un se met à sauter
Et dans cette gaité quelquefois même on pleure !
Je suis cosaque, je bois la goutte, je ne dédaigne pas la pipe,
Les cabaretières sont pour moi, mais je n’ai pas de femme.
Et vous, messieurs, je vous félicite à l’occasion de la Noël.
Eh ! bonne santé, cabaretière,
Bonne santé, fille de Poltava,
Voilà bien longtemps que je ne t’aie vue !
Et depuis lors pas[1].
C’est ça, Chveska, c’est ça, ma belle, ma pigeonne !
Nous nous sommes vus à Tchyhryne et depuis lors pas.
Comme ça — mak !
Un baiser, rien qu’un, dans ma tignasse,
Comme ça — mak !
Encore un pour mon gourdin et un pour ma bandoura !
Parfait ! Et maintenant dansons !
- ↑ Tchyhryne n’est là que pour la rime et l’expression pourrait se rendre à peu près par : Nous ne nous sommes pas vus depuis la semaine des quatre jeudis.