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Avec mes cheveux blancs sous le sort je succombe,
Si Pétro ne revient, je descends dans la tombe.
Ma chère enfant…

Tu resterais seule et sans aucun bien,
Puis-je te laisser sans soutien ?
Ma chère enfant…

Allons ! fais en sorte que je n’aie pas à attendre pour te voir mariée et que grâce à ton entêtement je ne meure pas avant l’heure : la misère, les pleurs et tes hésitations me mettront au tombeau. (Elle pleure.)

Natalie

Ne pleurez-pas, maman ! Je me soumets à votre volonté et, à cause de vous, je prendrai le premier prétendant qui vous sera agréable. Je surmonterai mon chagrin, j’oublierai Pétro et ne pleurerai plus.

Horpyna

Nanine, ma fille ! Tu es tout pour moi en ce monde ! Je t’en supplie : tire-toi Pétro de la tête et tu seras heureuse… Mais on vient de passer devant la fenêtre… Quelqu’un viendrait-il ? (Elle sort.)

Natalie sèche ses larmes, elle est bien décidée d’obéir à sa mère. (Sc. V.) C’est le conseiller municipal Makohonenko qui vient faire une visite aux deux femmes. Celles-ci lui content leurs chagrins. Le bonhomme conseille à Natalie de se marier et lui reproche de faire la difficile. Mais la mère ayant communiqué la promesse faite par sa fille d’épouser le premier qui se présenterait, Makohonenko avoue qu’il est venu pour faire une démarche en faveur de l’huissier Tétervakovsky. Natalie se récrie : une pauvre fille ne doit pas épouser un homme riche de peur d’être traitée dans son ménage plus mal qu’une servante. Le nom de Pétro vient à la bouche de la mère ; le conseiller affirme qu’il ne faut plus penser à lui : il a mal tourné, il a oublié Natalie. Peut-être est-il déjà mort ou s’est-il engagé dans l’armée « chez les Moscovites ». Natalie se laisse convaincre ; cependant elle voudrait que l’on retardât les noces le plus possible, tandis que le conseiller presse les deux femmes d’arranger immédiatement les fiançailles. (Sc. VI.)

Natalie, restée seule, prie le bon Dieu de lui donner assez de force pour oublier Pétro. Malgré tout, elle espère encore. (Sc. VII.)

ACTE II

Au moment où Natalie, suivant l’ancienne coutume, attache en écharpe les essuie-mains traditionnels autour du corps de Tétervakovsky, comme gage des fiançailles, apparaît Pétro, qui a appris la chose par Nicolas, le vagabond, parent des Terpylo. Dans son désespoir il avait désiré voir encore une fois Natalie. Nicolas, voyant le chagrin de Pétro, a appelé Natalie, qui, sortant de la maison et apercevant son amoureux, ne veut plus entendre parler de l’huissier. (Sc. I-X.)

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