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III
DU TRADUCTEUR.

exprime souvent d’une façon qui, pour être laconique, n’est pas moins forte et persuasive ; qu’enfin elle met à la disposition de l’écrivain tous les charmes du pittoresque, mais à la condition seulement de ne point les épuiser, et de laisser à l’imagination le soin de découvrir des horizons que quelques traits heureux du tableau laissent entrevoir. J’ignore si cette opinion sera confirmée par les critiques compétents et si leur verdict sévère ne viendra pas me reprocher une complaisance contre laquelle j’ai cherché à me tenir en garde, sans être sûr néanmoins d’y être réellement parvenu. J’aurais pu sans doute me borner à publier, dans l’intérêt des personnes qui suivent mon cours à l’École spéciale des langues orientales, le texte de ces poésies avec des vocabulaires explicatifs, au lieu d’y joindre une traduction française ; ce qui m’eût évité le danger d’offrir au public des spécimens d’une littérature pour laquelle il n’est peut-être pas encore suffisamment préparé. Mais une publication disposée de la sorte n’eût pas répondu à l’attente de mes auditeurs, qui savent quelles difficultés à peine croyables présente l’interprétation des vers japonais. J’espère donc qu’eux du moins me sauront gré de ma détermination un peu téméraire et qu’ils en tireront quelque profit pour le succès de leurs études.

Si cette Anthologie est accueillie avec indulgence, je me propose de livrer prochainement à l’impression la dix-neuvième partie de mon Cours de langue japonaise, laquelle renfermera, sous le titre de Chrestoma-