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iv INTRODUCTION HISTORIQUE

(le ce mélange ; le vainqueur dépose , pour ainsi dire , une couche nouvelle sur le peuple vaincu : et de même qu’en géologie on distingue les terrains primitifs , secondaires , tertiaires ; de même les yeux exercés du moraliste et de rhistorien savent discerner ce qui tient à l’origine et aux mœurs primordiales des diiïérents peuples qui se sont superposés (1).

Il est impossible de ne pas reconnaître que si le vaincu subit à beaucoup d’égards la loi du vainqueur, par la force des choses le vaincu conserve la plus grande partie de ses usages antérieurs à la conquête. D’abord parce qu’il est dans la nature du cœur humain de changer difficilement ses habitudes ; ensuite parce qu’une haine naturelle et légitime s’attache à tout ce qui est imposé par la force, et surtout par une force étrangère ; enfin. , parce que , si le vainqueur lui - même tient à dicter ses lois politiques et de commandement suprême , il se montre d’ordinaire assez indifférent sur les lois transactionnelles et sur celles qui régissent plus particulièrement la vie civile. Son intérêt même l’exige : autrement , à force de vouloir faire violence à tous les instincts du peuple nouvellement subjugué, il irait au-devant des résistances et se créerait des embarras sans utilité.

Ainsi lorsque les Romains ont conquis les Gaules , les usages celtiques ou gaulois se sont maintenus sur un grand nombre de points en face de la domination romaine. Cela devait être surtout avec ce peuple dont l’intelligent esprit de conquête avait donné pour règle à sa politique de respecter les lois et les usages des vaincus dans tout ce qui n’intéressait pas le commandement et l’empire. (i) Nul hislorion n’a mis coltc vérilé plus en évidence que M. Augustin Thierr> dans son Wsioire de In Conquête de l’Auqleierre par !es yormands.