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munes sur les hauts barons du moyen-âge, ou mieux la conquête des anciens et orgueilleux domaines seigneuriaux par la plèbe victorieuse dans les révoltes du peuple.

Le temps va me manquer, Messieurs, et je craindrais, du reste, de vous fatiguer par un exposé auquel je cherche à donner la forme la plus compréhensible, en abordant des sujets peu attrayants pour ceux qui ne s’en sont point fait une spécialité.

J’arrive donc à m’occuper du rôle important que joue la feuille dans le transformisme.

Je vous disais tout-à-l’heure, comment elle parvient à venir en aide aux tiges sarmenteuses qui ne peuvent se contourner ; comment elle se transforme en griffes ou en serres que ces végétaux ne possèdent pas ; et si vous voulez porter quelque attention aux feuilles de l’Agave, du bananier, et, en général, des liliacées, des musacées et d’autres familles aux feuilles épaisses et fortement nourries, vous reconnaîtrez que, chez ces plantes, chaque feuille devient, non-seulement, une véritable enveloppe protectrice des organes essentiels de la plante, mais encore qu’elle constitue un dépôt de sucs abondants qui lui procure bientôt l’aliment indispensable, lorsqu’arrive l’époque de la floraison.

Voyez comme, ce devoir accompli, les feuilles du bananier et de l’Agave se flétrissent et se dessèchent : pauvres feuilles, quelques semaines auparavant, si vigoureuses et si riches de sève !

La preuve évidente de ce que j’avance, vous pouvez vous en convaincre vous-mêmes. Observez ces deux arbres si connus ; enlevez-leur une certaine quantité de leurs feuilles, et plus tard, vous pourrez constater que les fruits du bananier n’ont atteint, ni leur déve-