Page:Apollinaire - Œuvres poétiques (extraits Poèmes à Lou), 1959.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous donneront des fleurs des cannes à sucre
Vous pourrez voir encore plus loin si vous voulez
La nature des tropiques

Une ville blanche à vingt minutes de la ville un petit pays sur la mer avec de belles maisons dans des parcs

Vous louerez un palais où de toutes les fenêtres
Lou touchera les palmes avec ses mains
Les chevreaux les ânes les mules ravissantes
Comme des femmes
Et aussi expressives quand au regard seront avec vous

Gui

L’avenir m’intéresse et mon amour surtout
Mais l’art et les artistes futurs ne m’intéressent pas
À Paris il y aura la Seine
Et le regard de mon ptit Lou

Chœur des jeunes filles mortes en 1913

Quand les belles furent au bois
Chacune tenait une rose
Et voilà qu’on revient du bois
N’avons plus rien entre les doigts

Et les jeunes gens de naguère
S’en vont ne se retournent pas
Ceux qui nous aimèrent naguère
Emportent la rose à la guerre

Ô mort mène-nous dans le bois
Pour retrouver la rose morte
Et le rossignol dans le bois
Chante toujours comme autrefois